Message du Secrétaire Permanent du G5 Sahel lors de la Conférence de haut niveau sur le Sahel, à Bruxelles «Il faut que la Force conjointe du G5 Sahel puisse être dans les dispositions légales pour faire son travail, et avec les moyens qu’il faut », décla
Au cours de la Conférence de haut niveau sur le Sahel qui s’est tenue le 23 février dernier à Bruxelles, le Secrétaire Permanent du G5 Sahel M. Mamane Sambo Sidikou a livré un important message devant les trente-deux Chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que la soixantaine de délégations, venus du monde entier pour apporter leur contribution à la force conjointe du G5Sahel dans sa lutte implacable contre le terrorisme et le crime organisé. En marge de cette réunion, il a tenu à apporter d’amples précisions sur ce message.
Le Secrétaire Permanent du G5 Sahel a indiqué que le message qu’il a adressé aux participants à la conférence souligne clairement qu’il n’y a pas de sécurité sans développement. Il n’y a de sécurité quand ce qui n’est pas négociable n’est pas pris en compte. « Qu’est-ce qui n’est pas négociable dans nos pays? Les services de base, l’éducation, la santé, l’eau, le travail pour les jeunes. Cela n’est pas négociable, et on doit trouver des solutions. Notre responsabilité est commune. D’abord nous sahéliens, mais aussi nos partenaires qui ont pris une part dans l’histoire de nos pays. La situation en Libye, nous ne l’avons pas créée, c’est quand même eux qui l’ont créée en partie sinon totalement, et nous subissons les conséquences, comme l’infiltration des jidahistes, les armes qui prolifèrent etc. Cela est venu se greffer à un terreau d’extrême pauvreté qui explique le non négociable, en plus d’une démographie galopante avec en majorité des jeunes », a expliqué M. Mamane Sambo Sidikou.
Pour le Secrétaire Permanent du G5 Sahel, il faut d’abord essentiellement assurer la sécurité. Tout le monde en est conscient, a-t-il ajouté. Mais pour y arriver, souligne-t-il, dans un premier temps, il faut que la Force du G5 Sahel soit en mesure d’y faire face, il faut qu’elle ait les moyens de monter en puissance. « Et c’est pour cela que cette réunion a été organisée. Comme vous le savez nous venons d’avoir 414 millions d’Euros pour la Force ; pour lui permettre de s’équiper, pour lui permettre d’être mobile, et pour lui permettre de porter la guerre contre ceux qui veulent nous l’imposer. Il ya quelque chose qui semble nous échapper quand nous discutons ; la sécurité mondiale est sous la responsabilité des Nations Unies. C’est la responsabilité du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Il faut quelque part que la Force conjointe du G5 Sahel puisse être dans les dispositions légales pour faire son travail, et avec les moyens qu’il faut. Si nous avons le chapitre VII des Nations Unies, qui nous permet de porter la guerre à l’adversaire, nous serions en mesure sur le plan légal d’obtenir tous les soutiens et les moyens qu’il faut. Cela a été discuté et c’est un message qui passe » a dit le Secrétaire Permanent du G5 Sahel. En attendant, devait-il ajouter, il ya eu la signature d’un accord tripartite entre les Nations Unies, l’Union Européenne et le G5 Sahel. Au terme de cet accord, la MINUSMA, va fournir de l’aide sur le plan de l’évacuation sanitaire, de la construction de casernement, du renforcement de capacités du Secrétariat Permanent etc. « Dans un premier temps, nous allons utiliser les 50 millions d’euros additionnels que l’Union Européenne vient d’accorder au G5 Sahel pour soutenir la Force dans ses équipements, son casernement, sa préparation réelle et sa mise en place. Il ya aussi le soutien au Secrétariat Permanent qui a besoin de cadres, qui a besoin de structures qui lui permettent d’avoir une meilleure gouvernance et de bien gérer les projets à venir. Il ya aussi toutes les questions de droits de l’homme et la confiance entre la population et l’armée. Aussi, nous allons mettre les moyens pour y travailler et en nous assurant que la Force est plus proche des populations pour créer davantage de confiance et s’assurer que leurs droits soient toujours respectés », a dit Mamane Sambo Sidikou.
Il a indiqué que le Secrétariat Permanent dispose d’un fonds fiduciaire qui a été créé. Les fonds qui arrivent doivent aller vers ce fonds fiduciaire. « Il s’agit de l’appropriation de l’initiative par les sahé- liens. Il faut de façon claire que cette initiative portée par d’autres ne soit plus. Mais il faut que dans les faits nous le prouvions. Et il faut commencer par la maîtrise de l’initiative à travers les fonds qui nous parviennent. Il faut montrer que nous sommes capables de les gérer, de les utiliser de façon responsable, de façon transparente. C’est pourquoi pour ce fonds fiduciaire, il ya un comité de contrôle et de suivi, un comité pour lequel nous invitons tous les partenaires qui donnent les moyens à venir prendre part et à suivre ce que nous faisons avec les moyens », a ajouté le Secrétaire Permanent du G5 Sahel.
Il appelle les populations du Sahel à faire confiance au sens de responsabilité de leurs Chefs d’Etat qui se sont embarqués dans cette initiative. « Ils nous ont aidé à y croire, ils ont aidé les partenaires à y croire. Je ne suis pas sûr qu’au début les gens ont pensé que c’était jouable. Il ya toujours un scepticisme quelque part lorsque nous avons des initiatives. Mais ils ont su convaincre. Vous avez vu le Président Issoufou en a fait son cheval de bataille. J’étais en huis clos, certains Chefs d’Etat lui ont dit puisque c’est vous nous savons que ça va bouger. Donc les responsables y croient, faites leur confiance » a dit M. Mamane Sambo Sidikou.
Pour lui, il ne s’agit pas du « tout militaire, il faut se préparer contre l’adversaire que nous avons en face parce que lui, il n’a pas de projet particulier de construction, il détruit. Il faut être prêt pour cela. Nous ne devons pas oublier que nous travaillons pour nos peuples, pour leurs besoins essentiels, et dans le respect de leurs droits. Les questions de gouvernance ne doivent jamais être oubliées ».
Sur le plan du développement, il a indiqué qu’il ya au moins une soixantaine de projets de développement qui sont en gestation dans tous les domaines : résilience des populations, projets structurant, gouvernance et gestion du terroir etc. Une table ronde des partenaires est prévue pour le 1er juin prochain pour que tous ces projets leur soient présentés.
Oumarou Moussa Envoyé spécial